Les monuments islamiques à travers un fonds d'archives inexploré
La remarquable documentation rassemblée par Henry Viollet au cours de ses missions est entrée en 1975 dans les collections de la bibliothèque James-Darmesteter de l’Institut des études iraniennes (aujourd’hui Centre de recherche du monde iranien, CNRS, UMR 8041) ; ces dernières sont entièrement déposées à la BULAC depuis 2011.
Le fonds comprend plus de 4 500 documents. Une part importante de la collection est constituée de photographies, notamment 916 négatifs sur plaques de verre et environ 2 000 tirages papier. Il contiennent également 1 620 documents écrits, notamment 7 journaux de route et 14 carnets de croquis, des travaux préparatoires à ses missions et conférences, des articles, mais aussi d’importantes notes archéologiques, des courriers administratifs, ainsi que de nombreux échanges avec les architectes, archéologues, épigraphistes et autres spécialistes du domaine, tels que Jacques de Morgan, Max Van Berchem, Samuel Flury, André Godard ou Louis Massignon.
Une légende annotée à la main par Henry Viollet sur des feuillets papier accompagne les plaques de verre. Celle-ci correspond au titre attribué à chaque négatif dans notre catalogue. Outre l'identification du monument ou du site, on y trouve également l'année de la prise de vue et, plus rarement, quelques éléments descriptifs.
Henry Viollet rapporte de ses voyages un nombre important de photographies, de notes et de croquis. Cette riche documentation témoigne de ses découvertes archéologiques pionnières et de son parcours, inédit pour l’époque, autour des monuments les plus significatifs du patrimoine bâti islamique qu’il cherchait à documenter avec minutie pour retracer « les origines de l’art musulman ». Parmi cette imposante iconothèque, qui montre des monuments situés en Irak et en Iran - mais aussi en Égypte, Soudan, Turquie, Liban, Syrie, Turkménistan et Ouzbékistan - se distinguent des relevés particulièrement anciens d’édifices aujourd’hui disparus, complètement transformés ou difficiles d’accès. Outre l’architecture, des scènes de vie montrent aussi l’intérêt historique et ethnologique que ces lieux et leurs habitants exerçaient sur le jeune architecte, accompagné dans ses voyages par sa femme, Madeleine, par le comte Jean de Moustier ou l'architecte André Godard. Henry Viollet publie peu ses travaux et son fonds reste encore largement inexploité.
À la fin des années 1990, les archives ont été classées et inventoriées dans le cadre d’une thèse de doctorat realisée par Marine Fromanger qui portait sur le parcours de Viollet en Iran et en identifiait l’iconothèque attenante. La résidence de recherche CollEx-Persée EpiPOM a permis le catalogage des 916 plaques de verre et leur traitement bibliothéconomique systématique, ainsi qu’un premier examen des archives papier du fonds. Des documents originaux ont été identifiés qui constituent des pistes de recherche prometteuses pour l’étude d’un corpus iconographique d'un intérêt scientifique indéniable.
Mention conseillée pour citer les documents iconographiques : Fonds Henry Viollet, BULAC, Paris, n. inventaire. Copyright Maria Lavabre Viollet / CeRMI - UMR8041 du CNRS