Genèse du collège

Moins d’un demi-siècle après leur victoire, les Britanniques restent méfiants à l’égard de la France et des idées de la Révolution qui tendent à se répandre. La campagne d’Égypte menée par le général Bonaparte inquiète le Gouverneur général qui y voit une menace d’attaque de l’Inde par les troupes françaises. Cette crainte va être l’un des moteurs de la création du collège de Fort William.

Mais il ne s’agit pas simplement de contrer les idées séditieuses de la Révolution. Les raisons de la création du collège sont multiples. La majorité des fonctionnaires de la Compagnie débarquant à Calcutta est jeune – entre 13 et 17 ans –, ne possède généralement que les rudiments de l’éducation et n’a aucune notion des langues vernaculaires de l’Inde. Afin de préparer cette jeunesse à ses futures fonctions, de la ramener dans le droit chemin des intérêts nationaux et de permettre une meilleure administration des populations autochtones, l’idée d’un collège naît dans l’esprit du Gouverneur général Lord Wellesley.

L’Hindoustan britannique vers 1800

Toujours soucieux de conserver de bonnes relations avec les populations locales, il s’oppose à l’établissement de missionnaires dans les concessions britanniques. Ces derniers sont pourtant les personnes les plus savantes en langues locales pour d’évidentes raisons d’activités prosélytes, mais Wellesley craint de s’attirer l’animosité des hindous et des musulmans en permettant aux missionnaires chrétiens de s’installer. Reste le besoin de  former les fonctionnaires aux langues et coutumes locales afin de bien administrer les colonies. La meilleure solution apparaît comme la création d’une structure d’éducation placée sous l’autorité de la Compagnie.

C’est ainsi que, fort de l’héritage de son prédécesseur Lord Hastings et des travaux du grand philologue et linguiste William Jones fondateur de l’Asiatic Society, Wellesley fonde en 1800 le collège de Fort William du nom même de la structure qui l’accueille. Mais ses ambitions dépassent de loin la simple école pour fonctionnaires.